Statistiques sur les victimes de la lutte FLN-MNA
Benjamin Stora, dans son livre Ils venaient d'Algérie, décrit bien l'histoire de cette lutte sans merci. Il commence par expliquer comment le nationalisme algérien est né en France, et comment le FLN fut le fruit de la séparation des éléments extrémistes du MTLD de Messali Hadj, qui gagnèrent une légitimité aux yeux des algériens en créant des maquis en Algérie. Le FLN se renforça d'abord en Algérie avant d'attaquer en France le MNA, nouveau parti de Messali Hadj.
Voici les statistiques annuelles des victimes de cette lutte fratricide, pour la France, de janvier 1956 à décembre 1961, communiquées par Louis Joxe, ministre d'Etat chargé des affaires algériennes. Nous l'avons complété le tableau par le nombre de policiers parisiens tués, relevé sur le monument aux victimes du devoir de la Préfecture de police de Paris.
Années | Tués | Blessés (1) | Total | Victimes du devoir |
1956 | 76 | 510 | 586 | 1 |
1957 | 817 | 3088 | 3905 | 0 |
1958 | 902 | 1641 | 2543 | 9 (2) |
1959 | 687 | 815 | 1502 | 4 |
1960 | 529 | 642 | 1171 | 10 |
1961 (3) | 878 | 982 | 1860 | 20 (4) |
Total | 3889 | 7678 | 11567 |
Notes :
1 - Le nombre de blessés Algériens, comparé au nombre
de morts, diminue régulièrement parce que les combattants sont passés
du mitraillage aveugle de cafés aux exécutions ciblées sur
renseignements.
2 -
Après la bataille d'Alger, le
FLN a voulu démonter sa force et a attaqué la police parisienne en
mitraillant les postes de police en août 1958. Ces mitraillages
cessèrent dès que les postes de police furent équipés de parapets
blindés.
3 - L'augmentation du nombre d'attentats en 1961 fut
générale sur toute la France, et pas seulement sur la région
parisienne comme beaucoup d'auteurs l'affirment.
4 - L'augmentation très forte de
policiers tués en 1961, dans le département de la Seine, fut due au
fait que les policiers reçurent l'ordre de protéger les Algériens des
actions du FLN. Ils furent renforcés par des Forces de Police
auxiliaires (FPA, des harkis), ce qui durcit le combat. Le FLN
envoyait au combat des jeunes gens sans aucun entraînement contre les
postes tenus par les FPA qui étaient très entraînés. A cette époque,
les policiers de la Seine furent souvent l'objet de menaces sur leur
famille à leur domicile.
Bilan des attentats en France du 1 janvier 1956 au 23 janvier 1962, communiqué par le ministère de l'Intérieur, et repris par Benjamin Stora
Algérien tués |
3957 7745 |
Métropolitains tués blessés |
150 649 |
Militaires tués : blessés |
16 140 |
Policiers tués (1) blessés |
53 279 |
Il y a eu très peu d'attaques contre les militaires en France, et aucune contre les civils qui ne furent atteints que par "bavures".
Les FPA, qui étaient des militaires, eurent de nombreuses pertes (24 tués et 67 blessés sur 350 membres) dans de véritables batailles rangées dont les victimes des deux camps ne sont pas comptés dans ces statistiques. Ces batailles se sont tenues dans les quartiers de la Goutte-d'Or et du 13ième, qui étaient mixtes, peuplés par le FLN et le MNA.
Notes 1 : Dont 21 en 1961.