Ce petit livre, parfois qualifié d’antisémite et de puant aux USA, est un véritable cri de rage d’un juif dont la famille a beaucoup souffert, contre l’exploitation des souffrances des juifs. Il comporte trois parties.
La première partie décrit la montée de la prise de conscience, puis de l’exaltation de l’Holocaust. Jusqu’en 1967, les juifs américains ne s’intéressent pas à ce problème ni à Israël. Quand la France cesse de soutenir Israël après la guerre des six jours, la tendance s’inverse jusqu’à faire de l’Holocaust un événement plus significatif pour la jeunesse américaine que le génocide des Indiens, l’esclavage ou la guerre de Sécession. Aujourd’hui, 6 musées majeurs ont été construits aux USA pour commémorer l’Holocauste, dont celui de Washington. Ce thème est particulièrement développé dans l'étude de Peter Novick.
La deuxième partie décrit les mystifications et les faux témoignages qui ont proliféré aux USA et dont certains ont connu un très bon succès en France. Par exemple The Painted Bird, de Jerzy Koninski, en français " L’oiseau bariolé ", qui est maintenant présenté comme un roman. Il fut, à sa parution en 1963, présenté comme autobiographique. C’est la mère de l’auteur qui a protesté et a expliqué que toute la famille de Jerzy avait passé la guerre avec de braves paysans polonais qui les ont cachés malgré tous les risques qu’ils encouraient de cette bonne action. La deuxième mystification, plus récente, est le supposé récit de l’enfance de Binjamin Wilkomirski dans le camp de Maidanek-Lublin. Binjamin a passé son enfance avec sa famille en Suisse, et il ne fut que le prête nom d’un auteur suisse du nom de Bruno Doessekker. Finkelstein présente d’autre exemples.
La troisième partie décrit l’exploitation financière que le World Jewish Congres a fait de l’émotion soulevée aux USA par la révélation de l’Holocauste, amplifiée par la prolifération de livres et de films sur le sujet, et les mystifications citées. Le WJC se livre à un véritable chantage auprès des organismes qui sont accusés d’avoir profité de l’Holocauste, soit en gardant l’argent de personnes disparues, soit en rachetant à vil prix les biens des juifs assassinés. L’arnaque contre les entreprises allemandes et les banques suisses est citée en exemple. Finkelstein explique que sa mère, seule survivante de sa famille, a touché 3500 $ d’indemnité pour avoir travaillé de nombreuses années dans un camp de concentration, alors que les avocats qui travaillaient sur le sujet étaient payés 350 $ de l’heure. Le WJC garde la majorité de l’argent extorqué pour des actions de soutien d’Israël. En fait, les juifs qui fuyaient Hitler rêvaient tous d’aller aux USA ou en Angleterre. Si beaucoup avaient transféré leur argent en Suisse pour des raisons de facilité, ce n’était souvent qu’une étape, et les deux pays suivant par ordre de l’importance des fonds reçus et restés en déshérence ont été les USA et l’Angleterre.
Notes
Beaucoup de juifs sont venus en France après la première guerre mondiale, car elle était très accueillante, ou ont été expulsés des zones conquises par l’Allemagne vers la France au début de l’occupation. Les riches repartaient aux USA qui attribuaient des visas à ceux qui pouvaient démontrer qu’ils avaient assez d’argent pour y vivre sans travailler, et les pauvres restaient en France. Il ne faut pas oublier que le chômage qui favorisa la montée de Hitler, était très important dans les années trente en France et aux USA où il ne disparut qu’avec leur entrée en guerre. La biographie de F. Roosevelt par André Kaspi permet de comprendre le problème.
Ce livre vient d’être édité en français, et il a provoqué une série de protestations. Finkelstein est accusé d’être un gauchiste qui s’est laissé entraîner.