La France, Pays des Droits de l’Homme,
Jette et maintient en prison un homme de 90 ans
au terme de procédures anormales et usurpatoires
Au début du mois de septembre de l’An 2000
le plus vieux des incarcérés d’Europe
commémorera son 90 ième anniversaire
dans la prison de la Santé, à Paris,
Capitale auto-proclamée du Pays des Droits de l’Homme !
Il est partout admis que cette détention, au vu du dossier
médical et de l’âge du détenu
constitue des faits inadmissibles dans un Pays civilisé :
La Cour européenne des Droits de l’Homme de Strasbourg
va inévitablement condamner la France :
mais la Justice a une démarche bien lente, et les mois de détention sont
interminables.
Monsieur Maurice Papon doit sortir de prison
au nom du respect humain, au nom de l’union,
au nom de tous les martyrs, au nom du pardon
Au-delà du respect de la chose jugée, une fois les passions retombées, il devient possible à la communauté nationale de prendre en compte, à présent, toutes les "anomalies" et toutes les pressions qui ont pollué le lynchage judiciaire et médiatique, sans pour autant avoir pu réécrire l’Histoire ni cicatriser les déchirements causés par des crimes abominables décidés et exécutés par d’autres !
"Tandis qu’à Washington les opposants de la peine de mort défilent et que la France se veut gardienne des Droits de l’homme, un nonagénaire, innocent des faits qui lui sont reprochés, est hypocritement condamné à la même peine, dans la coupable indifférence des médias et dans le silence des parangons des vertus chères à la Ligue des droits de l’homme.
Si la grâce présidentielle a été refusée à M. Papon, il a néanmoins droit comme chaque citoyen, à une justice légale. Qui peut prétendre que le procès de Bordeaux se soit déroulé dans la sérénité, alors que la pression médiatique ainsi que l’environnement moyenâgeux du tribunal ne pouvaient pas être sans influence sur un jugement fait d’avance?
Il faut donc casser ce procès, rendre M. Papon à la liberté, selon l’exigence républicaine qui affirme que tous les hommes sont égaux devant la loi. Quant au fond du procès, l’Histoire jugera... Mais, nous, anciens résistants et déportés, refusons la pensée unique dans le drame humain que nous avons vécu.
Peut-on dire que la mort d’un innocent en prison soit à la mesure de l’immensité des crimes hitlériens, et qui osera s’en réjouir?"
Dr Léon BOUTBIEN
Grand-croix de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite
Président d’honneur des Médaillés de la Résistance française<
ln Le Figaro, 24 avril 2000
Partie : Plaidoyer Les idées reçues L'épuration Préface de M. Boutbien J. F. Steiner
Roger A. Lhombreaud Lettre du Grand rabbin Journal du Grand rabbin