C.V. : Né le 10 janvier 1876 à Tunis, 4 enfants,
Rabbin de Bayonne en 1913,
Rabbin de Bordeaux de 1920 à 1975,
Décédé centenaire en 1976.
Il a publié un petit livre qui reproduit des extraits de son journal. Le manuscrit de son journal a été versé au dossier du procès de Maurice Papon. par Gérard Boulanger : Journal d'un Rabbin, extraits. (1967, Imprimerie Mazarine, Paris)
Présentation du livre
Le titre est trompeur car le rabbin n'a pas tenu de journal pendant la guerre et ses textes sur la guerre présentés sont postérieurs aux évènements. Ces textes du Rabbin ne représentent qu'une partie de ce petit livre qui est plutôt une histoire du judaïsme à Bordeaux et une présentation du sort du judaïsme français pendant la dernière guerre mondiale.
Informations diverses contenues
La synagogue de Bordeaux
La Synagogue de Bordeaux en 1940, toujours existante, fut construite à partir de 1880 sur un terrain donné par la Ville, suite à l'incendie d'une ancienne synagogue.
Histoire du judaïsme :
Le 14 octobre 1789, une délégation de juifs alsaciens se présente de façon spontanée à la Constituante et elle est admise à siéger.
Le 21 septembre 1791, les juifs sont déclarés libres et citoyens. L'abbé Grégoire fut un promoteur de cette loi. En sa mémoire le Rabbin Cohen créa un "Prix Abbé Grégoire".
Le judaïsme en France pendant la Guerre.
Vingt-quatre rabbins furent tués, soit le 1/3 des effectifs.
Le livre présente la vie des rabbins disparus.
Textes du Rabbin Cohen :
Deux textes sont extraits de sermons faits par le rabbin, l'un pour sa prise de fonction à Bayonne en 1913 et le second pour sa prise de fonction à Bordeaux.
Sur la seconde guerre mondiale
Page 175
"Dès 1940 nous recevons l'ordre de procéder à la déclaration de tous les juifs de la région. Ainsi pour la première fois, nous savons le nombre de juifs et de demi juifs de la Gironde et pour la première fois un recensement complet nous donne non seulement le nombre de nos coreligionnaires mais encore l'origine, l'âge et la profession aussi bien des autochtones que des repliés de l'Est et de l'Europe centrale. Je demande et obtiens le double des fiches de déclaration. Après la libération, dans la cave de la Synagogue, mon fichier est éparpillé mais presque intact [1].
Total :
2119 déclarations,
5772 inscrits,
5177 juifs,
545 non juifs."
suivent des précisions sur l'origine des juifs
(souligné par le rédacteur)
Autre extrait
"La préfecture m'informe le lendemain que la Gestapo avait décidé de mettre sous ma garde tous les enfants car seuls les parents devaient être déportés….
Un mois plus tard, nouvelle intervention de la Préfecture pour me notifier que seuls les enfants ayant des parents directs en Gironde pourraient y demeurer. Tous les autres devaient être "embarqués pour rejoindre leurs parents."
Remarques :
Ces textes ne sont pas datés et ont été écrits après la guerre.
Extrait du manuscrit ;
Cité dans un droit de réponse dans Le Monde, et par Maître Varaut dans sa plaidoirie:
On m'en reprit hélas un certain nombre, surtout parmi ceux dont j'avais moi-même la charge. Grâce à ce fallacieux motif astucieusement présenté, les Allemands avaient même surpris la bonne fois des dames de l'Assistance sociale. On en était encore au stade des grandes illusions. Est-ce que dans mon entourage on n'était pas allé jusqu'à m'objecter : que diraient les parents qui verraient arriver des enfants des autres et pas les leurs que vous auriez gardé ? A quoi j'ai rétorqué que si j'avais mes enfants parmi les déportés, je ne leur aurais pas envoyé mes petits-enfants sans savoir leurs conditions de vie où ils étaient ; pour les mêmes raisons, dans la mesure du possible, j'agirais de même. Je n'oublierai jamais le cri joyeux de mon petit Michel Baskin que j'avais recueilli avec sa sœur dans notre maison de retraite de la rue Henri-IV. Quand les deux dames de l'Assistance sociale étaient venues dire à ces adorables enfants pourquoi ils partaient, le petit Michel empaquetant ses bagages comme un grand cria : "Jacqueline, nous voir maman" (leur mère avait été prise dans la rafle du 15). Le cri de cet enfant encore aujourd'hui me hante, il me saigne le cœur. [2]"
Notes :
Générale : Son fils Michel, qui a témoigné à Bordeaux, a écrit un livre ou il explique que le Grand Rabbin de France a incité les Israélites à aller se déclarer à la police.
↑1 - Durant le procès, plusieurs fois la question a été posée de savoir de quelles listes de juifs pouvaient disposer les Allemands quand ils composaient eux mêmes les listes de personnes à arrêter. La liste de la synagogue n'a jamais été citée.
↑2 - Soixante ans plus tard, qui n'en a pas le cœur serré ? Mais qui est ce "on" qui fit cette objection au Rabbin afin qu'il ne garde pas les enfants ? Ce ne purent être que des membres inconséquents de la communauté juive de Bordeaux.
Dans cette partie : Les polices de Bordeaux L'organisation allemande Les otages Les représailles allemandes La collaboration forcée
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