Nous devons expliquer les particularités des documents afférents à l'affaire Papon qui ont été retrouvés.
Maurice Papon commandait les services d'administration de la préfecture de la Gironde, et ses subordonnés rédigeaient des notes ou des ordres qu'ils présentaient à sa signature. Si un document retrouvé est un original et porte la signature réelle de Maurice Papon, les copies faites après la guerre portent la mention : "signature de Maurice Papon". Mais une bonne parties des documents retrouvés, par exemple ceux qui ont été transmis au Canard enchaîné en 1981 pour attaquer la candidature de Valéry Giscard d'Estaing aux présidentielles, étaient des "pelures" conservées à la préfecture, et dans ce cas, ils portent, à la place de la signature, une mention manuscrite : "signé Papon" avec, à coté, le paraphe du chef du bureau qui a présenté le document à la signature de Mauroce Papon, en l'occurrence celui de Pierre Garat pour ce qui concernait les affaires juives. Devant le jury d'Honneur, Maurice Papon a généralement reconnu qu'il avait effectivement signé l'original des documents portant la mention "signé Papon", à l'exception d'un document émanant, non de ses services, mais du Cabinet du Préfet, qui portait la mention : pour le préfet, le secrétaire général, suivie d'une signature que personne n'a reconnue. Monsieur Chapel, qui était Directeur de Cabinet du Préfet régional, a reconnu qu'il aurait été tout à fait anormal qu'un tel document porta la signature de Maurice Papon
Maurice Papon signait les notes à usage local, souvent rédigées par ses subordonnés, en l'occurrence Pierre Garat, puis Dubarry pour les affaires juives. Par contre, il rédigeait lui-même les notes importantes destinées aux échelons supérieurs, notes qu'il présentait à la signature du Préfet régional, Sabatier. Voilà ce que les membres du jury d'honneur ont découvert en étudiant les documents qu'ils nommaient les "documents du Canard", parce qu'ils leur avaient été transmis par Roland Dumas, alors avocat du "Canard enchaîné". En effet, certains de ces documents étaient des brouillons qui permettaient de voir les corrections demandées par le Préfet régional ou par Maurice Papon.
26 août 1942, Lettre du Préfet de la Gironde à Laval, sous couvert de Leguay. Il lui annonce l'envoi de Garat à Drancy, avec la liste des déportés, et lui demande d'intervenir.
11 novembre 1942; Lettre de Maurice Papon au Chef du KDS. Il lui demande son accord pour la libération d'Alice Slitinsky, sœur de ce Michel Slitinsky qui fut le meneur des parties civiles contre Maurice Papon.
7 décembre 1942 Lettre de Maurice Papon au directeur du camp de Mérignac pour lui demander la libération d'Alice Slitinsky, ainsi que celle de deux autres femmes.
22 décembre 1943 Lettre du Préfet régional à Dehan. Il y proteste contre le fait qu'une rafle ait été effectuée le 21 décembre, sans que la préfecture en ait été avertie.(Procès DEHAN)
25 décembre 1943 Lettre du préfet régional au Ministre secrétaire d'État à l'Intérieur, et au Secrétaire général de la police, pour protester contre l'aide apportée par la SEC à la gestapo pour les arrestations de juifs du 21 décembre.(Procès DEHAN)
27 décembre 1943 Réponse du délégué Régional de la SEC au Préfet Régional. Il soutient que la rafle du 20 au 21 n'était pas une opération policière, et qu'il n'avait pas été avisé "officiellement" de l'opération. Il a, écrit-il seulement aidé la Gestapo.(Procès DEHAN)
10 janvier 1944 Note dictée par le Préfet Sabatier, récapitulative des évènements qui ont marqué la rafle du jour.
janvier 1944 Lettre de Maurice Papon à Darnand, pour lui transmettre la liste des personnes transférées à Drancy le 30 décembre1943, sans qu'il ait été averti de ce transfert, et donc sans qu'il ait pu intervenir en faveur de certaines personnes pour lesquelles il avait un argument pour s'opposer à leur transfert. Il sollicite son intervention en faveur de ces personnes.(Procès DEHAN)
1 février 1944 Lettre du Directeur du statut des personnes et des affaires juridiques du CGQJ, adressée au Préfet régional de Bordeaux, pour lui rappeler que la détermination de la qualité de juif ou non juif est de la seule responsabilité du CGQJ. C'est une protestation contre la décision de Maurice Papon de rayer, de sa propre autorité, des personnes du fichier des juifs. Elle fait partie de la querelle entre la SEC et Maurice Papon, querelle qui est exposée dans l'étude de Joseph Billig sur le CGQJ.
Procès DEHAN : Les pages notées : (Procès DEHAN ), sont des recopies de documents certifiés conformes aux pièces
utilisées dans le procès en date du 18/11/1949
Le greffier en charge de certifier les copies qui nous sont parvenues a pris soin de masquer le nom du condamné en date du
18/11/49, mais une vérification dans le journal Sud Ouest de cette
époque prouve qu'il s'agissait du procès de Lucien Dehan. Le procès fut
annoncé le 16 sous le titre "Lucien Dehan répond de la déportation de
400 israélites et de sa participation à la tuerie de Saucats" et fut
expédié en deux jours, les 17 et 18/11/1949. L'acte d'accusation
comportait 16 pages ; trente témoins furent cités et le président de la
cour fut Guyonnet-Duperat, décédé lors de procès de Maurice Papon, mais
qui nous laissa un témoignage
écrit que nous présentons sur ce site.
Il est certain que la condamnation à mort de Dehan ne fut une surprise pour personne, car tout Bordeaux savait alors ce qui s'était passé pendant la guerre, et la surface consacrée à ce procès dans le journal fut la même que celle utilisée pour les procès de crimes divers de l'époque, c'est à dire le tiers de celle consacrée, une semaine plus tôt, à la mort et à l'enterrement de Marcel Cerdan.
Autres documents
Les documents suivants sont des textes émis par des défenseurs de Maurice Papon, toutes personnes décédées au moment du procès. Il n'est pas douteux que leurs témoignages eussent été décisifs en sa faveur, étant données leurs qualités de témoins réels et leur hautes qualités morales.
Lettre du Révérend Père Riquet sj. au rédacteur en chef du journal "Droit de Vivre".
Déclaration des trois anciens Commissaires de la République à Bordeaux, à la Libération.
Lettre du Comité de soutien de Maurice Papon adressée aux parlementaires.
Par ailleurs, nous présentons une étude de l'action de Maurice Papon en Afrique de nord, qui renvoie, le plus souvent, a des textes qu'il a écrits lui-même, et qui permettent de saisir sa pensée sur les problèmes d'Afrique du Nord.