Jacques Villette :

Pour la réhabilitation de Maurice Papon

Les Klarsfeld et Maurice Papon

    Beate et Serge Klarsfeld connaissent très bien l'histoire de la déportation des juifs et celle des exécutions d'otages. Ils ne furent pas à l'origine des accusations contre Maurice Papon de 1981, car alors, ils ne l'estimaient pas coupable.

    Beate Klarsfeld  fut la première1 à étudier les archives du CDJC, Centre de documentation juive contemporaine, dans le cadre des ses études sur les actions des nazis en France. Dans son livre, Partout où ils seront, paru en 1972, vingt cinq ans avant le procès de Maurice Papon, elle démontra les liens amicaux entre Eichmann et Herbert Hagen qui avait organisé les déportations au départ de Bordeaux avant même que Maurice Papon y soit promu secrétaire général de la préfecture. Hagen, antisémite obsessionnel, avait déjà proposé à ses chefs, de Bordeaux, que les juifs soient obligés de porter une étoile jaune, ce qui ne fut imposé que lorsque Oberg fut intronisé en France.

    Serge Klarsfeld, dans son Livre des otages, reproduit des textes allemands qui montrent bien que les exécutions d'otages et la déportation des juifs étaient sous la responsabilité d'un même groupe d'officiers totalement acquis aux idées de Hitler. Son étude des archives de la Gestapo détenues au CDJC,  lui a permis, ainsi qu'à Beate, de faire poursuivre en justice trois nazis qui ont martyrisé la France et les juifs : Herbert Hagen, Kurt Lischka et Ernst Heinrichsohn, qui avaient échappé à la justice française.

    Quand les accusations contre Maurice Papon sont montées en puissance, il a tenté de l'épargner en lui demandant d'écrire une simple lettre dans laquelle il aurait affirmé regretter d'avoir été impliqué dans ces déportations2. Pour Serge Klarsfeld, l'important était qu'un ancien fonctionnaire de Vichy reconnaisse une responsabilité dans la déportation des juifs. Il aurait alors pu démontrer à la communauté juive que Maurice Papon n'était pas la bonne cible et qu'une instruction contre lui risquait d'aboutir à un non-lieu, ce qui est effectivement arrivé pour la première instruction qui a été annulée. Mais Maurice Papon a refusé d'écrire cette lettre estimant qu'il s'était, au contraire, efforcé d'épargner la déportation au maximum de personnes qu'il pouvait.

    Quand, le temps passant, Maurice Papon s'est retrouvé le seul survivant connu du public et susceptible d'être jugé, les Klarsfeld , Serge et Arno, ont alors été obligés d'abonder dans le sens requis par le CRIF et le World Jewish Congress, car les intérêts financiers en jeu étaient devenus très importants. C'était le temps de la montée en puissance des exigences d'indemnisation du dol subit par les juifs. La déclaration, en juillet 1995, du Président Chirac déclarant que l'Etat français était responsable de la déportation des juifs, et la création par le Premier ministre Alain Juppé d'une commission d'étude de l'indemnisation des juifs, commission maintenue par Lionel Jospin, laissaient prévoir des largesses du gouvernement (voir l'exploitation du génocide). Il était devenu capital que Maurice Papon fut condamné.

    Nous allons étudier les textes de Serge Klarsfeld portant sur la Gestapo et sur Bordeaux, qui montrent que Serge Klarsfeld avait tous les éléments sur l'histoire de Bordeaux. Nous rappellerons ses déclarations successives sur le procès, et l'attitude d'Arno Klarsfeld au procès telle que ce dernier l'a lui-même exposée dans son livre : La Cour, les Nains et le Bouffon. Nous exposerons enfin pourquoi ils ont tant œuvré pour que Maurice Papon soit condamné.

    Serge Klarsfeld

    Dès le début des années 70, Serge Klarsfeld a déjà dépouillé une partie des archives de la Gestapo que le gouvernement a indûment versées au CDJC, Centre de documentation juive contemporaine. En effet, elles ne concernent pas seulement les déportations juives, mais aussi les exécutions d'otages.

    En 1973, il publie dans la revue Historia un article portant sur les agissements des deux plus grands criminels nazis qui ont agit en France, et qui n'ont été jugés que par contumace : Herbert Hagen et Kurt Lischka.

    En 1979, il livre le résultat de ses recherches dans son "Livre des otages", où il consacre un chapitre à ces deux criminels et à Ernst Heinrichsohn. Ses recherches lui permettent de poursuivre, en 1980, ces trois criminels devant un tribunal à Cologne où ils seront condamnés, les deux premiers à dix ans de réclusion, et le troisième à cinq ans.

    Les notes internes de la Gestapo, qu'il a reproduites dans son livre, prouvent que c'était les mêmes officiers, nazis convaincus, qui étaient responsables des exécutions d'otages et de la déportation des juifs.

    Le cas de Hagen est le plus significatif en ce qui concerne Bordeaux. Déjà, en 1937, il dirige un service en charge former les officiers SS à l'antisémitisme. Il a sous ses ordres Dannecker, qui sera chargé, en juillet 1942, d'organiser la première vague de déportation des juifs en France, et Eichmann, qui deviendra un adjoint de Muller, chargé de l'organisation des transports vers les camps d'extermination. Il donne des conférences sur la nécessité de contrôler les juifs, et il est parfois remplacé par Dannecker ou Eichmann qui sont moins brillants que lui. Parlant bien le Français, il fait partie de l'équipe qui est envoyée en France en 1940, sous les ordres de Knochen. Avant l'arrivée de Oberg en avril 1942, il dirige la représentation du  SIPO-SD à Bordeaux. C'est lui qui exige la création du camp de Mérignac, et qui y fait regrouper tous les juifs arrêtés dans la région. A la réorganisation des polices, quand Oberg devient chef des SS et des polices allemandes en France, il est nommé adjoint de Oberg et chef de la Kripo, la police criminelle, mais en même temps il est chargé d'organiser les exécutions d'otages. Il signe la note qui rend obligatoire le port de l'étoile jaune.

    Quand en juillet 1942, Dannecker, son ancien subordonné, organise la première vague de déportation des juifs, il prévoit pour Bordeaux, où Hagen avait organisé la répression, deux trains complets directs pour Auschwitz. Les discussions entre Knochen et Bousquet arrivent à une conclusion qui préserve les citoyens français et ceux de pays qui sont représentés à Vichy. Ils ne seront pas déportés, mais la police française livrera les juifs de zone non occupée qui n'entrent pas dans ces catégories. A Bordeaux, la Préfecture contrôle rigoureusement l'exécution de cet accord et, dans les cas limite, demande le maintien en France des personnes. Il en résulte que le "rendement" de l'opération est déficient et que aucun train ne part pour Auschwitz : 616 juifs sont transférés sur Drancy au lieu de 2000 sur Auschwitz. Les nazis en France sont d'autant plus furieux qu'ils se font tancer par Eichmann, et ils le font savoir. Le troisième convoi de déportation du 21 septembre 1942 est alors concomitant avec l'exécution à Bordeaux de 70 otages, décidée à cause d'attentats perpétrés contre l'armée allemande à Paris.

    Les notes présentées dans le livre de Serge Klarsfeld montre bien que Hagen fut très impliqué dans les exécutions d'otages. C'est à ce titre qu'il a été jugé par contumace en France. Hagen participa à toutes les réunions de l'état major de Oberg où furent prises les décisions, et il rédigea pour Oberg la note qui fut lue aux otages pour leur expliquer pourquoi ils étaient fusillés. Une note du Dr Laube, autre collaborateur de Oberg, précise que Dohse, chef de la Gestapo à Bordeaux, dut venir à Paris pour participer à la réunion. Malgré tout cela, Serge Klarsfeld maintient que c'est uniquement parce qu'il n'y avait assez d'otages à fusiller à Paris que 70 furent fusillés à Bordeaux.

    Une note allemande montre que Närich, qui était lieutenant en 1942 et travaillait avec Hagen à Paris, participa à l'organisation de l'exécution des 46 otages fusillés à Paris en même temps que celle des 70 de Bordeaux. En 1943, le même Närich, devenu capitaine, est l'adjoint de Machule nouveau chef du KDS de Bordeaux. Il justifie la rafle de décembre 1943 par la fuite du grand Rabbin. Pour la grande rafle du 10 janvier 1944, Machule étant malade, il affirme au préfet Sabatier que Darnand, qui vient de remplacer Bousquet, a donné son accord pour cette rafle, ce que Darnand confirme lui-même dans la soirée.

    Des documents présentés dans le Livre blanc de H de Beaufort, la déclaration de Oberg et la note de Boemelburg montrent aussi que la Gestapo gérait les "victimes expiatoires" et était chargée des déportations, mais le contenu des deux ouvrages de Serge Klarsfeld, le Livre des otages et Vichy Auschwitz, montre que Serge Klarsfeld avait déjà tous les éléments qui montraient que la préfecture de Bordeaux était inattaquable. C'est parce que la préfecture a contrecarré les déportations de juifs en 1942 que 70 otages ont été fusillés à Bordeaux, et c'est parce que la même préfecture a obéi aux injonctions de radio Londres en janvier 1944, que la Gestapo a exigé l'arrestation de 400 français israélites.

    Serge Klarsfeld a pris soin de noter les documents qui portaient la signature de Maurice Papon, mais que penserait un Ministre de l'Intérieur d'une Préfecture qui ne prendrait pas soin de vérifier l'identité de personnes déportées par une puissance étrangère ? Cela s'est produit dans d'autres régions où la préfecture s'est contenté de transmettre les listes dressées par les Nazis.

    Les actions des Klarsfeld avant et pendant le procès

    Avant le procès, les campagnes médiatiques orchestrées contre Maurice Papon ont eu pour objectif de faire croire qu'il tentait d'échapper à la justice alors que c'était l'inverse : il a demandé à être juger rapidement et ce sont les institutions sionistes qui ont fait traîner les instructions. Elles savaient que le première instruction qui dura de 1982 à 1988 ne pouvait pas déboucher sur un procès. Avant que le procès soit décidé, Serge Klarsfeld déclara que Maurice Papon mourra inculpé1. Ensuite, pour la deuxième instruction, le procès a été retardé par les avocats qui retenaient les plaintes de parties civiles. Toutes ces campagnes ont abouti à ce que les Français étaient convaincus à 83%, que Maurice Papon était coupable avant même que le procès ait commencé.

    A l'ouverture du procès, les Klarsfeld sont conscients que Maurice Papon sera acquitté s'ils ne prenaient pas d'initiatives extra judiciaires. C'est donc une intensification de la campagne médiatique contre Maurice Papon. Le jour de l'ouverture du procès, les Klarsfeld distribuent des plaquettes d'information accusant Maurice Papon de tous les crimes. Ensuite, pendant toute la durée du procès, pendant que Arno se livre à des attaques constantes contre les magistrats accusés d'être favorables à l'acquittement, Serge organise, sur le parvis du palais de Justice, des cérémonies commémoratives pour les victimes, avec photos d'enfants et petites bougies. Ces actions trouvent écho aux actualités télévisées, et les jurés retrouvent cela tous les soirs, alors que souvent ils ont des difficultés à suivre les débats au tribunal tant ils sont confus.

Serge Klarsfeld parle le 11 février 1998 sur radio Shalom et déclare, entre autres :

"Et quand on parle de "l'Etat de droit", je regrette, mais lors du procès de Cologne, on a déclenché le premier jour une bataille rangée de deux cents personnes contre les policiers, de façon à montrer que les maîtres du terrain c'était nous, c'est à dire, que si le procès n'était pas exemplaire et bien le procès n'aurait pas lieu."

Pendant le procès Arno Klarsfeld se livre à des attaques contre le Président du tribunal. Son attitude est décrite dans le document "Le procès"

    Pourquoi fallait-il que Maurice Papon soit condamné ?

    Serge Klarsfeld se présente toujours modestement comme le président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, mais il est surtout un membre très influent du CRIF, et son activité est essentiellement financée par le WJC. Il a été membre de la commission dite "Mattéoli", créée pour évaluer le dol subit par les juifs pendant la guerre et les réparations. Or, en 1997, la pression du WJC devient très importante car les banques suisses ont déjà cédé au chantage, et l'industrie allemande est sur le point de céder : les efforts doivent donc porter sur la France.

    Pour étayer la justification d'une indemnisation très importante, alors que des indemnisations avaient déjà été accordées juste après la guerre, il devenait nécessaire qu'un fonctionnaire de Vichy soit condamné pour participation aux déportations.

    La stratégie contre Maurice Papon pendant la deuxième instruction et pendant le procès n'a pas été définie par les Klarsfeld, mais par le CRIF, comme le prouve le livre d'Arno Klarsfeld.

Notes :
1 - Quand en 1967, Beate Klarsfeld commença ses attaques contre le chancelier Kiesinger, Serge Klarsfeld ne parlait pas allemand. Il travaillait dans une société de commerce international, la Continental grains, qui exportait des céréales en Russie et en Allemagne. En particulier cette société travaillait avec une société allemande basée à 

2 - Le message lui a été transmis trois fois : par un de ses amis, le baron Edmond de Rothschild ;  par Franz Olivier Giesbert, venu l'interviewer pour l'émission "Le droit de savoir" ; par Jean-Pierre Elkabach l'interviewant pour la Cinquième Chaîne.
Intéressant : voir
Arno Klarsfed qui a demandé la nationalité israélienne. En décembre 2003 il remplissait ses obligation militaire dans Tsahal.
Dans la partie :   Le rapport Goldstein     Analyse chronologique et politique       Les raisons de l'affaire  Chronologie détaillée   Audience du Président  Lettre au Président     Les anomalies du procès 
  L'arnaque au génocide   Le procès