L’organisation des forces d’occupation allemandes en France a varié dans le temps.
En 1940, l’Armistice est signé et la Wehrmacht devient responsable de l’Occupation et de l’exploitation de la France occupée au profit du Reich.
Le printemps 1942 est marqué par un durcissement de l’Occupation qui peut-être dû à plusieurs raisons : l'entrée en guerre des USA, les difficultés rencontrées en URSS et la décision d'exterminer les juifs de l'Europe de l'Ouest. On sait que la Wehrmacht désapprouve les exécutions massives d'otages : le général Otto von Stülpnagel s'est fait porté pâle, et a demandé à être relevé du commandement du MBF, Militärbefehlshaber in Frankreich, et son cousin Carl von Stülpnagel a refusé de prendre en charge le problème de la répression.
Le général Oberg est nommé HSS-PF, commandant suprême des SS et chef des polices,et il prend la responsabilité de toutes les questions de sécurité en France. Il commande les SS de l’Ordnung Polizei, et le BdS, Befehlshaber der Sicherheitspolizei, qui est la délégation en France du RSHA, (Reichssicherheitshauptamt, Office central de sécurité du Reich). Une note de service de Hitler établit clairement le partage des responsabilités entre les SS et le MBF de la Wehrmacht, qui reste alors cantonnée dans le pillage officiel de la France et le maintien de l’industrie française au service de l’armement allemand. Les forces opérationnelles, très fournies et destinées à repousser un envahisseur, restent sous des commandements rattachés directement au grand état-major de la Wehrmacht ( OKW, Keitel). En cas de besoin, la Wehrmacht doit apporter tout son soutien aux SS.
Au sein du BdS, la GESTAPO commande la politique de représailles et la déportation des juifs, et en réfère directement à Berlin pour ces problèmes.
A Bordeaux, deux organismes sont en charge du contrôle de l’administration française et de la police :
D’une part, la Feld Komandantur, représentation locale du MBF, commandée par le général Knoertzer, prend en charge l’organisation de l’occupation armée, et les actions visant à exploiter au maximum tout ce qui peut être utile à l’armée allemande : réquisitions de biens, réquisitions de travailleurs et utilisation de la production industrielle au profit de l’armée allemande. Cette Kommandantur contrôle étroitement l'administration française. Maurice Papon est contrôlé étroitement par le lieutenant Herbold qui est le secrétaire général de la Feld Komandantur .
D’autre part, le KDS, Kommando der SIPO-SD, représentation du BdS, commandé par Luther (puis Machule), est responsable des opérations de police, et contrôle la police française qui relève, coté français, du Secrétaire général de la Police (Bousquet), et nom de l'Administration. L'Intendant de Police Duchon reçoit les ordres du KDS. Le KDS comporte un détachement de la GESTAPO, qui est commandé par un sous officier Dohse qui un policier de formation, mais qui ne s'occupe que de la chasse aux résistants.
Le responsable de la déportation des Juif, le lieutenant Döberschutz, est placé sous les ordres du capitaine Nährich, adjoint de Luther. Döberschutz reçoit les ordres pour la déportation de juifs de Dannecker à Paris, qui lui-même en réfère à Eichmann. Les représailles sont utilisées pour exercer une pression sur la Préfecture dans la déportation des juifs.
La connaissance de l’organisation allemande
permet de mieux comprendre le déroulement des déportations, et donc le rôle de
Maurice Papon : il pouvait protester contre certaines déportations, mais
ne pouvait pas les ordonner. Elle permet aussi de comprendre d’autres grandes
affaires comme celle de Jean Moulin. Les livres qui traitent ces affaires sans
tenir compte de cette organisation sont, de ce fait, très incomplets. Il en fut
de même de l’instruction qui fut la base de l’acte d’accusation de Maurice
Papon. Conscient de la complexité de cette étude, nous proposons plusieurs
niveaux de description de cette organisation.
Nous proposons une description plus
détaillée de cette organisation.
L'article de Henri Landemer : "Les loups sont entrés dans
Paris", qui décrit l'histoire de la Gestapo en France, paru dans HISTORIA de
1972, est très intéressant, malgré quelques erreurs.
M. Hubert de Beaufort, dans son livre "La contre enquête"
donne description détaillée. Pour son Livre-blanc, il a approfondi le sujet en
se faisant aider par Jacques Delarue, qui est certainement celui qui a le plus
étudié la GESTAPO, et par Helmut Knochen, qui fut le chef du BdS. Sa description
est présentée dans les document suivants repris du "Livre blanc" de monsieur Hubert de Beaufort.
L’organisation du RSHA à Berlin.
L’organisation des
polices allemandes en France (1942-1944)
Les Missions
dévolues au BdS commandé par Helmut Knochen.
La puissance cachée de
Karl Boemelburg, chef de la Gestapo en France.
La note de service de Boemelburg. Elle précise
la gestion des "victimes expiatoires".
Les responsables allemands
de la répression.
L’énigme du SS
standartenführer Helmut Knochen. Ce document est très détaillé parce que
Helmut Knochen eut le poste très important de chef du BdS, et fut le
correspondant de René Bousquet. Condamné à mort en 1954, gracié par René Coty et
libéré par le général de Gaulle en 1962, il est toujours vivant et a donné sa
version des faits. Il dit n’avoir jamais entendu le nom de Papon pendant la
guerre.
< L’organisation de la déportation des juifs. Il s’agit de
l’annexe portant sur ce sujet de la déposition
du général Oberg faite lors de son arrestation en 1945.
Nous présentons aussi la Note de service de
Hitler qui définit les limites de responsabilité entre le général Carl
Heinrich von Stülpnagel et le HSS-PF Oberg.