La déposition de R.O. Paxton, du 31 octobre 1997
R. O. Paxton, qui s’est fait une réputation d’historien très contesté, a été requis comme témoin par le ministère public. La magistrature française a donc payé à grands frais son déplacement des USA à Bordeaux pour servir aux jurés, sous serment, une suite de contre vérités.
Des Allemands très peu nombreux en France
L’analyse de la responsabilité du
gouvernement de Vichy, de l’Administration française ou de Maurice Papon était
celle de leur marge de manœuvre qui était liée à l’importance des forces
allemandes stationnées en France. Il était donc important d’informer honnêtement
les jurés. R. O. Paxton déclara sur ce sujet :
" Combien d’Allemands étaient présents en France sous l’occupation ?
Aujourd’hui, des historiens se le demandent. Le chiffre qui revient le plus
souvent est celui de 40 000 : 40 000 hommes dont l’âge moyen était de 48 ans. "
Il existe peu d’études sur ce sujet. Ce fut un ballet continuel de transferts de troupes. Celles envoyées de France sur le front russe, revenaient en France pour se reposer et pour se reconstituer par incorporation de jeunes recrues, et d’autres allaient les remplacer. Nous proposons quelques repères.
En 1942, ayant besoin d’une estimation pour décider de la suite de la guerre, les anglo-américains décidèrent d’effectuer une reconnaissance armée pour tester la défense allemande. Soutenus par une escadre, 5000 hommes, principalement des canadiens furent débarqués à Dieppe le 19 août. A la tombée du jour, 3400 étaient tués ou faits prisonniers sans que l’aviation alliée ne détecte pas le moindre mouvement coté allemand : l’armée allemande avait le nécessaire sur place. Ils estimèrent alors les effectifs allemands en France à près d’un million d’hommes, et préférèrent débarquer en Algérie en novembre.
En 1944, les effectifs en France avaient été renforcés sur la demande de von Rundstedt. Ils dépassaient 1,5 million, même si une part très importante était d’origine étrangère à l’Allemagne. Eisenhower engagea 1,2 million d'Américains et 800.000 britaniques, sans compter les marins, pour la seule bataille de Normandie. A la fin de cette bataille, sur le million de soldats allemands engagés, 240 000 avaient été tués ou blessés et 210 000 faits prisonniers.
Qui sont ces historiens connus du seul
Paxton, qui estimaient qu’il y avait 40 000 allemands en France pendant
l’occupation ?
Cette contre vérité a eu des conséquences importantes sur le
procès. De nombreux débats eurent pour objet d’établir si les Allemands auraient
pu effectuer seuls les arrestations et les déportations. Il est établi qu’à
Bordeaux, ils étaient assez nombreux pour fusiller les otages.
Le chiffre de 40 000 hommes devait plutôt être celui de la
seule garnison de Gironde, qui était sous haute surveillance, ou celui de la
seule Feldgendarmerie en France, l’équivalent de notre gendarmerie.
Des juifs tous intégrés
Paxton déclara :
" Contrairement aux Pays-bas, la religion n’est pas
mentionnée sur l’état civil. Les juifs sont très intégrés et difficiles à
repérer en 1940. "
Le malheur fut que ceux qui étaient intégrés, par une fierté compréhensible, sont allés se faire inscrire en masse. De plus, il suffit de lire n’importe quel livre sur ce sujet pour apprendre que la communauté juive comportait environ un tiers de français de vieille souche effectivement intégrés, un tiers de nationalisation très récente, souvent des enfants dont les parents étaient encore étrangers, et un tiers d’étrangers qui avaient leurs documents nationaux d’identification, lesquels mentionnaient souvent leur religion, comme pour les Grecs encore de nos jours.
La dénaturalisation des juifs
Paxton déclara :
" Un tournant est marqué en 1943 quand le gouvernement
commence à se détourner. Vichy participe avec plus de réticence. L’exemple du 9
août 1943 illustre ce changement lorsque est demandée la dénaturalisation des
juifs. Laval se montre plus réticent. Le comportement de la police change. Ce
changement a plusieurs raisons. Tout d’abord , c’est un manque de transport."
Le Maréchal Pétain a toujours refusé la
dénaturalisation des juifs. L'accord Oberg Bousquet avait pour objet d’épargner
la déportation aux nationaux. L’arrestation de juifs français, à Bordeaux comme
ailleurs, n’a commencé qu’avec l’arrivée de Darnand au pouvoir, lequel se disait
SS d’honneur.
Les Nazis avaient la totale priorité sur les moyens de
transport, et les trains qui partaient sur Auschwitz étaient gérés par
l’organisation allemande Reichsbahn,.
Il faut noter que dans son livre Paxton est nettement plus
rigoureux sur ces sujets. On a l’impression que, depuis la parution de son
livre, Paxton a été conditionné par la communauté juive et par "l’industrie de
l’holocauste ".
L’article 3 de la convention d’armistice
Paxton déclara :
" Le but de Vichy est d’appliquer au mieux l’article 3 de
l’Armistice qui donne à l’administration française la direction du pays. "
L’article 3 déclarait que l’administration française devait répondre aux exigences des autorités d’occupation, il suffit de le lire pour se rendre compte de l’aberration de la déclaration de Paxton, assénée comme une vérité aux jurés. Hitler rappelait souvent aux responsables allemands de l'occupation que c’était eux qui définissaient les lois et règlements.(Cf : sa note de service du 9 mars 1942.)
© Jacques Villette, Paris 2001
Partie : Le procès Les anomalies
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